Dimanche 29 mars 2009, la yole de pêche OMAR 3, avec deux personnes à bord, est en panne de moteur. Elle est alors à 25 nautiques à l'est de Saint Vincent. Elle va dériver pendant deux jours et demi avant un sauvetage réussi en mer des Caraïbes. Les positions ont été fournies par le CROSS Antilles-Guyane:
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MOTHY | |
Les prévisions de dérive sont réalisées avec le système MOTHY en combinant les effets du vent et du courant sur les objets. La qualité de la prévision de dérive dépend directement de la qualité des prévisions de vent et de courant utilisées. Dans la région des Antilles, le modèle IFS du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) est généralement le plus précis. MOTHY intègre les courants analysés et prévus par le système d'océanographie opérationnelle MERCATOR. On utilise uniquement le courant à une profondeur représentative de la base de la couche influencée par le vent. Actuellement, c'est le courant à 34 m de profondeur. Il sera remplacé par le courant à la base de la couche d'Ekman, dès que ce paramètre sera disponible dans les systèmes d'océanographie opérationnelle. La paramétrisation de la couche supérieure de l'océan est réalisée directement dans MOTHY à partir d'un modèle d'Ekman amélioré. Dans la région des Antilles, MERCATOR est disponible dans ses deux versions: Global au 1/4° et Atlantique au 1/12°. Dans les simulations présentées ci-dessous, nous avons utilisé des vents et courants analysés | ![]() |
Modèle MOTHY classiqueDans cette version, la yole de pêche est représentée par un parallélépipède rectangle de 4 mètres de hauteur [1], en faisant diverses hypothèses sur le pourcentage d'immersion (de 20 à 100 % d'immersion). Les chiffres sur les cartes représentent ces différents pourcentages d'immersion. Nous avons constaté [2] que les valeurs les plus probables pour des bateaux de pêche sportive se situent dans la plage 20-30%; alors que pour des navires de pêche commerciale, elles se situent dans la plage 40-90%; et que pour des esquifs et yoles à moteur, les valeurs à considérer sont dans la plage 50-60%. | ![]() |
Modèle MOTHY-leewayCette version est basée sur le résultat d'expérimentations en mer, menées par le service des Gardes Côtes américain [3], et mis en oeuvre selon une technique élaborée par le service météorologique norvégien [4]. On simule la dérive de 480 objets dont les caractéristiques suivent une distribution statistique ce qui permet d'associer une probabilité aux prévisions de dérive. Selon l'orientation initiale de l'objet, celui-ci peut dériver à droite ou à gauche du vent. Sur les cartes, on représente la dérive de deux points noirs où seule l'incertitude sur l'orientation initiale est prise en compte. Les points de couleurs représentent l'incertitude sur la dérive liée aux caractéristiques de l'objet et à l'environnement. | ![]() |
MOTHY + CEP + MERCATOR GLOBAL 1/4°Avec Mercator global, la dérive est prévue vers l'ouest sud-ouest. Ce qui ne correspond pas à la dérive observée vers le nord-ouest. |
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MOTHY + CEP + MERCATOR ATLANTIQUE 1/12°Les courants sont très différents, avec un fort tourbillon. Ce qui donne une dérive plus réaliste en direction, mais trop rapide. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°39. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°41. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°42. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°43. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°47. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°48. |
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MOTHY + CEP + MERCATOR ATLANTIQUE 1/12°Les objets de faible immersion, ayant une grande prise au vent passent le canal entre Sainte Lucie et Saint Vincent. Les autres sont pris dans le tourbillon océanique et remontent à l'est de Sainte Lucie. Le décalage observé vers le nord est sans doute lié à une surestimation du courant. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°39. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°41. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°42. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°43. |
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MOTHY + CEP + MERCATOR ATLANTIQUE 1/12°Le décalage observé vers le nord est sans doute lié à une surestimation du courant. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°39. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°41. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°42. |
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MOTHY-LEEWAY + CEP + ATLANTIQUE 1/12°Cible n°43. |
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SAROPS est le logiciel utilisé par les U.S. Coast Guards pour la planification des recherches. Il utilise la même base de données que MOTHY-leeway.
SAROPS![]() |
MOTHY + CEP + MERCATOR ATLANTIQUE 1/12° ![]() |
MOTHY + CEP + MERCATOR GLOBAL 1/4° ![]() |
SAROPS![]() |
MOTHY + CEP + MERCATOR GLOBAL 1/4° Cible n°41: bateau de sport ![]() |
MOTHY + CEP + MERCATOR GLOBAL 1/4° Cible n°42: bateau de pêche sportive ![]() |
SAROPS![]() |
MOTHY + CEP + MERCATOR ATLANTIQUE 1/12° Cible n°41: bateau de sport ![]() |
MOTHY + CEP + MERCATOR ATLANTIQUE 1/12° Cible n°42: bateau de pêche sportive ![]() |
Il est préférable d'utiliser MERCATOR Atlantique au 1/12°, plutôt que MERCATOR Global au 1/4°. Ce n'est pas une surprise et c'est plutôt rassurant.
Le courant à 34 m de profondeur semble conduire à une dérive trop rapide. Il faudra évaluer l'apport du courant à la base de la couche d'Ekman quand ce paramètre sera disponible. Il est probable que la profondeur de la couche d'Ekman soit supérieure à 34 m dans cette région, et que le courant à sa base soit plus faible.
La sensibilité aux courants est particulièrement forte. L'indice de confiance sur les courants qui nous sera fourni prochainement par Mercator-Océan devrait permettre de qualifier la confiance que l'on peut avoir sur les résultats des calculs de dérive.
C'est la cible SAR numéro 41 (bateau de sport) qui se rapproche le plus de la dérive observée. Mais compte tenu de toutes les incertitudes sur le courant, il est difficile de conclure sur ce point. Par ailleurs, la dérive par la méthode classique, avec un taux d'immersion de 20% cohérent avec un bateau de sport, donne des résultats très proches de ceux obtenus avec la méthode du Leeway pour la cible 41.